Deux pèlerins sont assis à la terrasse d’un café.
L’un d’eux, très bavard, se voit coupé dans sa tirade par le téléphone qui sonne. Il décroche :
– Oui ? Ha, le gîte de la Saule Pèlerine, c’est bien moi, Arnaud ! Ce soir, oui, et bien je… je ne suis pas sûr de pouvoir arriver, pour tout vous dire… J’allais justement appeler… je suis encore à… pff, bien 15 kilomètres, je me suis perdu… euh… j’ai pas vu la pancarte , il y avait un gros arbre devant et euh… j’avais le soleil en face, j’ai été ébloui je pense… Je vous fais mes plus plates excuses ! Ce sera pour la prochaine fois, encore désolé…
Il raccroche et s’essuie le front où perle des gouttelettes de transpiration. Il se tourne vers l’ autre pèlerin qui le regarde d’ un air interrogateur.
– Oui, c’est un peu compliqué, j’avais réservé à deux endroits, comme on n’était pas sûr de l’étape d’aujourd’hui. Et la dame du gîte où je ne vais pas qui m’appelle pour confirmer, ça m’a un peu stressé…
Il regarde nonchalamment son carnet, tourne deux pages, puis se fige… son visage devient blême.
– Meeeeerde, j’ai décommandé le bon gîte ! Faut à tout prix que je rappelle !
Il rappelle sur le champ le dernier numéro :
– Allo ? Oui, c’est encore mois, monsieur Arnaud… Vous n’allez pas me croire, mais je me suis trompé, finalement, je ne suis pas bien loin, j’ai mal dû lire la pancarte des kilomètres, et je pourrais y être à temps pour…
Histoire vraie racontée par des pèlerins désapprobateurs une après-midi d’Avril 2016.